Un maître au service de son art

Jean-François Tisseyre
Jean-François Tisseyre, expert fédéral de karaté, revenu en 2004 dans sa ville natale de Limoux, vient d'accéder au cercle très fermé des 8e dan en karaté. Un grade qui récompense, à 60 ans, une carrière de haut niveau mais aussi des valeurs techniques, morales et mentales dans l'esprit des grands maîtres de l'île d'Okinawa, le berceau des arts martiaux.

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Comment avez-vous découvert le karaté ?
J'ai découvert le karaté à l'âge de 13 ans à Limoux grâce à mon professeur de sport qui m’a initié aux arts martiaux. J'ai continué à Carcassonne avec Jean-Michel Triay où j'ai découvert un autre univers, dans un club qui a formé des combattants de la trempe d’Alain Lehetet, sacré champion du monde en 1994. Par la suite, j'ai cofondé le Centre biterrois de karaté avant de rejoindre mon mentor à Montpellier : Francis Didier, actuel président de la Fédération française de karaté. C'est le détenteur de la technique mais aussi de l'esprit de notre discipline. 

Que représente pour vous ce 8e dan ?
C'est le Saint des saints mais ce n'est pas une fin en soi. Le 8e dan, c'est un des échelons sur dix, un niveau avec une autre dimension, au-delà de la transmission technique. C'est le lien que l'on retrouve dans la forme du chiffre 8. Il s'agit de rassembler les gens. Les arts martiaux sont d'ailleurs conçus dans un esprit de paix, d'éducation.

Le karaté m'a permis de mieux me connaître. 

Comment partagez-vous ce savoir ?
Lors des stages et des formations que je donne en France, j'essaye de faire passer un message de rassemblement. Avec 250 000 licenciés, nous sommes la 12e discipline en nombre de pratiquants et nous comptons une quinzaine de pratiques différentes. La pluralité des écoles est une richesse mais nous souhaitons rassembler les pratiquants autour d'un même esprit. C'est ce que j'enseigne aussi au dojo de la Haute-Vallée, à Limoux. C'est un club et une ville qui me tiennent à cœur. 

Comment définiriez-vous le karaté ? 
Le karaté est un outil pour se réaliser. C'est le Shin Gi Tai, l'unité de l'esprit, de la technique et du corps. C'est une géométrie du geste qui permet de prendre conscience de ce que l’on est. Cette discipline m'a permis aussi de rencontrer beaucoup de monde, d’avoir conscience de la richesse de l'enseignement. Le karaté m'a aussi aidé à me dépouiller de poids, à comprendre la simplicité. Il m’a permis de mieux me connaître.


Quels sont vos projets ? Un 9e dan ?
Pas du tout. Le grade, ce n'est pas le Graal, c'est une reconnaissance de ses pairs. Il arrive quand on est prêt.  Je vais continuer à faire ce que j'ai toujours fait. J'arrive à avoir la technique et la parole plus juste grâce à une pratique qui n'est pas tournée vers la performance. À 60 ans, il faut avoir une hygiène de vie mais sans être un ascète. Je suis un épicurien. Il faut simplement trouver l'équilibre.

 Pour en savoir plus : www.tisseyre-karate.fr