Agriculture

La Première ministre invitée à rencontrer le monde viticole audois en crise

Lors d'une visite de terrain début octobre, Hélène Sandragné avait rencontré les vignerons de Sainte-Eugénie, à Peyriac-de-mer.
Lors d'une visite de terrain début octobre, Hélène Sandragné avait rencontré les vignerons de Sainte-Eugénie, à Peyriac-de-mer. © Idriss Bigou-Gilles - Département de l'Aude

Alors que les vignerons audois, durement touchés par deux crises climatiques, manifestent ce jeudi 19 octobre à Narbonne pour alerter les pouvoirs publics sur leur situation, un courrier co-signé de la présidente du Département Hélène Sandragné vient d'être envoyé à Elisabeth Borne. La Première ministre y est invitée à venir rencontrer les acteurs de la filière et constater, sur le terrain, la situation alarmante dans laquelle la profession se trouve.

Publié le

La responsabilité des pouvoirs publics face aux crises subies par la viticulture

Venue à la rencontre des vignerons et professionnels de la viticulture il y a deux semaines, la présidente du conseil départemental de l'Aude, Hélène Sandragné a pu s'entretenir au sujet des graves difficultés dans lesquelles la filière se trouve aujourd'hui, conséquences notamment du dérèglement climatique. Sans le soutien des pouvoirs publics, les enjeux qui se posent à la profession pourront être difficilement relevés.

C'est dans ce contexte que l'élue vient de co-signer un courrier adressé à la Première ministre Elisabeth Borne, l'invitant à mesurer, sur le terrain, la situation. La missive est également portée par Gisèle Jourda, sénatrice de l'Aude, Sébastien Pla, sénateur de l'Aude et vice-président du groupe Vigne et vin du Sénat, Philippe Vergnes, président de la Chambre d'agriculture de l'Aude, Jean-Marie Fabre, président des Vignerons indépendants de France, Ludovic Roux, président des Vignerons coopérateurs d'Occitanie, Alexandre They, président de la fédération des Vignerons indépendants de l'Aude, Frédéric Rouanet, président du Syndicat départemental des vignerons de l'Aude. En voici l'intégralité.

Le devenir économique de bon nombre de ces structures (...) est grandement compromis.

"Madame la Première ministre,

Cette année, certainement plus que les précédentes, la filière vitivinicole du département de l’Aude a subi deux phénomènes climatiques opposés, d’une rare intensité.

La situation pédoclimatique du département, avec ses "climats" différents, explique en partie le fait que deux crises majeures ont pu se développer durant la même période, alors que d’autres départements viticoles, exclusivement méditerranéens ou septentrionaux, n’ont eu à subir qu’une seule crise. Sur l’ouest, au climat océanique, un excès de précipitations concentré sur une courte période de l’été a empêché les traitements d’agir contre le mildiou, tandis que sur la partie méditerranéenne une longue période de sécheresse associée à des températures extrêmes a stoppé la véraison et mis en péril le végétal. Au bilan des vendanges qui s’achèvent, il apparait que ces deux événements ont gravement affecté les rendements des exploitations, caves particulières et coopératives.

En mode survie à court terme

D’ores et déjà, une évidence se dessine : le devenir économique de bon nombre de ces structures, déjà fragilisées par les épisodes de gel et de grêle des dernières années, est grandement compromis. A ce jour, dans un contexte d’augmentation des charges, d’inflation et de baisse de la consommation et des prix, le défi de la filière viticole du département de l’Aude, en 2023,  comme de tous les départements voisins, n’est plus de surmonter une crise que certains prétendent conjoncturelle, mais tout simplement d’assurer sa survie à court terme.

La viticulture, pilier essentiel de l'économie audoise

Pour ne citer que l’Aude, deux tiers des exploitations agricoles sont des exploitations viticoles, ce qui fait de la viticulture, avec le tourisme, un pilier essentiel de l’économie. Source d’attractivité, elle est pourvoyeuse de revenus, d’emplois, entretient nos paysages, et nous protège des incendies. Vous l’aurez compris, la laisser disparaitre, c’est laisser mourir nos territoires car rien ne la remplacera. Nous ne pouvons-nous y résigner.

Les mesures d’accompagnement classiques décidées par les pouvoirs publics à la suite des aléas climatiques successifs ne suffisent plus. Leurs fréquences, comme l’évolution de l’environnement économique, de la filière les rendent insuffisantes, inefficaces et parfois inadaptées.

Pour ne pas avoir à revivre les heures sombres de la viticulture du Midi.

Il y a dans l’Aude, comme ailleurs, des réformes de structure à mettre en œuvre rapidement. La vitesse à laquelle le dérèglement climatique affecte ce pan essentiel de notre économie nous oblige. Pour ne pas avoir à revivre les heures sombres de la viticulture du Midi, avec une profession en attente et force de proposition, chacun à sa mesure et en responsabilités, il faut avoir le courage de s’attaquer à ce chantier dès maintenant.

Des dispositifs existent, certains sont à réformer, d’autres à inventer. La restructuration du vignoble, le soutien aux exploitations de nos zones sèches, l’aide à la commercialisation, le renouvellement des générations et, bien entendu, l’enjeu de l’eau, sont autant de questions auxquelles il faut pouvoir répondre mieux que nous le faisons.

Pour vous donner la juste mesure de la situation et des enjeux, et évoquer avec vous les pistes et solutions possibles, nous serions honorés, Madame la Première ministre, de votre présence dans notre département. En souhaitant une réponse positive, nous vous prions de croire à l’assurance de notre haute considération."