un libertaire en croisade

Joan Jordà

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La peinture doit être avant tout belle.

Ses toiles sont toujours colorées. Vives, gaies. De loin, on pourrait facilement croire à un joyeux bazar constitué de personnages et d’objets, d’animaux
et de symboles. Mais à y regarder de près, la réalité est plus sombre. Des hommes démembrés côtoient des minotaures, un avion est accolé au sigle Peace and Love… Tout semble sens dessus dessous. Et, souvent, de ce chaos surgissent une femme et son enfant… Aussi longtemps qu’il s’en souvienne, Joan Jordà a toujours peint l’absurdité de la condition humaine, la tyrannie des hommes, mais aussi l’espoir d’un monde meilleur. « Un peintre tragique, mais pas triste », se décrit-il lui-même. « La peinture doit être avant tout belle. C’est elle qui compte. Après, oui, c’est aussi un message que je délivre en tant que réfugié et républicain. »

Arrivé en France à l’âge de 9 ans, celui que certains critiques inscrivent dans la lignée des Picasso et Goya restera à jamais marqué par l’exil. Quand son père part combattre en 1939, sa mère choisit de fuir le régime de Franco pour les sauver. Ils connaitront l’horreur du camp d’internement de Grenoble avant d’échouer près de Toulouse et de se reconstruire dans un petit village de Haute-Garonne. Joan Jordà découvre
la peinture à l’école primaire. Elle l’accompagnera toute sa vie. Avec, toujours, le sentiment de « participer modestement à la civilisation ».

À 90 ans, Joan Jordà demeure le même peintre et homme engagé, révolté par « les injustices, les dictatures et le capitalisme qui étouffe tout ». Le sort des migrants résonne en écho à sa propre histoire, dénonçant « la non-intervention » de l’Europe. Inlassablement, il continue, aux côtés de son épouse réfugiée espagnole elle aussi, son combat pour la liberté « et toutes les libertés. C’est une utopie mais cela ne fait rien. On peut y croire et avoir une conduite conforme aux idées que l’on a. » Les 110 toiles, dessins et sculptures visibles à la Maison des Mémoires en sont un vibrant témoignage.

  • À découvrir jusqu'au 9 novembre

à la maison des mémoires de Carcassonne- 53 rue de Verdun

Entrée libre.