Eleveur de père en fils
Publié le
Comment est née votre vocation ?
Mon grand-père paternel était éleveur et, à sa mort en 1992, mon père alors postier à Paris a décidé de reprendre l’exploitation à Sonnac-sur-l’Hers. J’avais six ans. J’ai toujours aidé à la ferme, mais je voulais voir autre chose. Après mon BTS à Pamiers, j’ai été embauché chez Synergie Bétail et Viande comme bouvier, puis technico-commercial. Cela m’a donné la connaissance des bêtes. Quand mon père est parti à la retraite en 2014, je lui ai naturellement succédé.
Une décision facile à prendre ?
À force de voir ce qui se fait ailleurs, on finit toujours par revenir aux sources. Je venais souvent le soir et les week-ends aider mon père. Je pense que l’amour de la terre où j’ai grandi a pesé dans ma décision.
Avec la marque Pays Cathare®, le consommateur sait qu’il mange de la viande issue d’un animal élevé près de chez lui.
Vous êtes l’un des acteurs de Viandes des Pyrénées Audoises. Quel est l’objectif de cette association ?
Un technicien de la Chambre d’agriculture de l’Aude, Didier Boyer, est venu me voir en 2018 pour me parler de la création de cette association d’éleveurs dont l’objectif était de fournir de la viande locale aux consommateurs du territoire. J’ai intégré le conseil et j’ai activé mon réseau d’anciens clients pour convaincre des éleveurs. L’autre partie de la démarche a été d’aller vers les bouchers et les moyennes surfaces du territoire. Aujourd’hui, nous sommes 83 éleveurs bovins, ovins et porcins et 33 bouchers référents ainsi que la Coopérative artisanale des métiers de la viande audoise (Camva).
Vous avez obtenu le soutien de la marque Pays Cathare®. Quel en est le bénéfice ?
Le cahier des charges des Viandes des Pyrénées Audoises est très pointu. Celui de la marque Pays Cathare® est inspiré du nôtre et prévoit aussi un audit externe de contrôle. L’obtention du label début 2022 est une excellente nouvelle. La marque est connue des consommateurs. Avec le label Pays Cathare®, ils savent qu’ils mangent de la viande issue d’un animal élevé près de chez eux. Tous ces efforts payent. Nous allons vraisemblablement atteindre l’objectif d’équilibre des 100 tonnes par an. Une activité qui écarte la menace de fermeture qui pesait sur l’abattoir de Quillan.
Pourquoi êtes-vous si attaché à l’Aude ?
Avant moi, il y a eu trois générations sur ces terres. Cet aspect familial est capital. Et puis, pour moi, l’Aude, c’est la maison ! J’ai pas mal bourlingué dans mon précédent métier mais, à chaque fois que je reviens, que je vois les collines du Chalabrais, je me sens bien. Je suis allé une fois au Salon de l’agriculture en 2010 et je me suis promis de ne plus y retourner car il y avait trop de monde. Je suis si bien dans la montagne !
Un message pour les Audois ? Nous avons tout ce qu’il faut ici dans notre beau département de l’Aude : vins, fruits et légumes, viandes. Je leur dirais que, parfois, il vaut mieux se priver de certaines choses, acheter local une fois par semaine plutôt que de manger des produits de mauvaise qualité chaque jour. Et en achetant local, vous faites vivre tous les acteurs d’une filière qui tend vers l’excellence.